Argumentaire

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« Après la culture alphabétique du monde moderne, la culture numérique pourrait bien être le vecteur d’une hypermodernité alliant dans la troisième culture, les sciences et les humanités, les logiciels et l’existentiel » (Cormerais, 2014, p. 141). Les Humanités numériques proposent un dialogue entre les disciplines et constituent, de nouveaux savoirs, de nouveaux outils, de nouvelles réflexions qui participent d’un nouvel humanisme, un « humanisme numérique » (Doueihi, 2011). Au-delà d’une simple numérisation des connaissances et de leurs modes de transmission, les Humanités numériques posent les jalons d’une réflexion sur nos pratiques en tant qu’acteurs universitaires (chercheurs, d’enseignants, d’étudiants, ingénieurs pédagogiques, etc.) et citoyens d’une société digitalisée. Les Humanités numériques se donnent comme une invitation au « dialogue au sujet de nos représentations du savoir » (Berra, 2012, p. 33). Néanmoins, dans le cadre universitaire, des résistances subsistent. Ainsi, deux dynamiques semblent primordiales à (re)penser : « la formation, pour appréhender de manière citoyenne les conditions de participation, ou non, à la société des technologies de l’information ; l’adaptation des systèmes technologiques afin d’inclure, de manière démocratique, tous les publics. » (Fenoglio, 2023, p. 2).

Dans ce contexte, les étudiants sont à la fois acteurs des dispositifs et utilisateurs des outils numériques. Comment font-ils l’expérience au quotidien de l’apprentissage de ces nouveaux modes de diffusion et d’accès à la connaissance ? Quelle peut être la mission de l’université dans l’appréhension, l’appropriation et la critique du monde numérique ? Comment les nouvelles médiations technopédagogiques donnent-elles à penser les nouveaux rapports au savoir et à leur diffusion ? À quelles conditions les usages numériques (pédagogiques et administratifs) peuvent-ils être vecteur d’inclusivité universitaire pour toutes les étudiantes et tous les étudiants ? Dans quelle mesure l'accessibilité des environnements technopédagogiques permet-elle de lever certains empêchements et ainsi de proposer à la communauté étudiante des environnements opérationnellement inclusifs ? (Benoit & Feuilladieu, 2017) ? Quels en sont les impacts ? Ces questionnements invitent à problématiser et à mettre en débat les conditions d’apprentissages universitaires à l’ère digitale.

Ce colloque scientifique émane de la réflexion pluridisciplinaire des chercheurs rattachés au projet Nexus de l’Université Paul Valéry Montpellier 3, dans le cadre des Nouveaux Cursus Universitaires (ANR-18-NCUN-0025). Le projet Nexus relève le défi de la réussite en licence du plus grand nombre d’étudiants en mettant en avant les Humanités numériques. L’objectif est de proposer un temps de rencontre entre les acteurs concernés par ces questions d’enseignement-apprentissage à l’ère numérique autour de trois axes principaux.

Axe 1 : Citoyenneté numérique : L’un des objectifs majeurs de l’université, outre la transmission des connaissances et des savoirs, est de former les citoyens de demain. Selon Dewey (1938) et des auteurs plus contemporains (e.g., Pugh et al., 2010), un apprentissage utile est un apprentissage qui transforme et nourrit l’expérience quotidienne. De par leur contenu et leur approche pluridisciplinaire, les enseignements en Humanités numériques nous semblent appropriés pour créer un pont entre connaissances et expériences car ils proposent aux étudiants une nouvelle manière de percevoir, comprendre, et penser les usages numériques quotidiens (e.g., réseaux sociaux, gestion des données personnelles, intelligence artificielle, recherche d’informations, etc.). Ainsi, nous discuterons ici des pratiques et outils, des méthodes et techniques ainsi que des expérimentations qui participent d’un lien entre apprentissage et expérience quotidienne. Dans un monde de plus en plus façonné par les technologies numériques, l’objectif est de faire advenir de futurs citoyennes et citoyens responsables, capables de comprendre et d’agir de manière éclairée, inclusive et équitable.

Axe 2 : Modalités d’enseignement-apprentissage : Selon le modèle connaissance-tâche (Musial & Tricot, 2020), apprendre implique de transformer des connaissances en réalisant des tâches orientées vers un objectif précis, dans un contexte défini. L’approche de conduite de l'innovation s'inscrit dans une vision cohérente de l'apprentissage, envisagé comme un processus social, actif, contextualisé et fondamentalement réflexif (Charlier et al., 2006). En s’appuyant notamment sur les cultures mobiles, les Humanités numériques repensent les approches classiques de l'enseignement (e.g. Hybridation en langues). Seront discutées ici les modalités d’enseignement-apprentissage, leurs diversifications et leurs impacts. Ces nouvelles pratiques revisitent les approches traditionnelles et adaptent les méthodes pédagogiques aux exigences de l'ère numérique. Elles facilitent potentiellement l'acquisition des connaissances et des compétences, stimulent l'engagement des étudiants, favorisent leur autonomie, afin d’améliorer leur réussite.

Axe 3 : Dispositifs de formation : Dans notre société numérique contemporaine les capacités de rétroaction des personnes sont facilitées par les usages technologiques. Dans ce cadre, il semble pertinent d’aller vers des dispositifs de type formation-action (Connac, 2016) permettant un accompagnement des étudiants, facilitant leur engagement et l’incarnation de leur formation. Ainsi, le regard sera porté sur des expérimentations de dispositifs « alternatifs » et/ou innovants offrant à l’apprenant l’occasion de devenir un acteur auto-dirigé de ses apprentissages (Albero & Nagels, 2011) et, au formateur l’occasion d’une réflexion sur la diversification de ses pratiques. Ici nous questionnerons le statut des innovations pédagogiques, leurs intentions et leurs évaluations en gardant comme fil conducteur que toute innovation pédagogique repose essentiellement sur une réflexion sociale, de pratiques et de formation au-delà des outils et techniques utilisés (Cros, 2019).

 

 

Modalités de contribution

Deux modalités de contribution sont possibles :

  • -  Communications orales 20mn présentation + 10mn questions

  • -  Poster avec session dédiée

    Sur la page "Nouveau dépôt" il vous sera demandé un résumé de 4000 signes espaces compris (soit environ 600 mots) dont 4 références maximum et qui s'inscrive dans l'un des trois axes du colloque.

     

     

Références bibliographiques

Albero, B. et Nagels, M. (2011). La compétence en formation : entre instrumentalisation de la notion et instrumentalisation de l’activité. Éducation & Formation, (296), 13-30.

Benoit, H. et Feuilladieu, S. (2017). De la typologie des outils numériques dans le champ des EIAH à leur opérationnalité inclusive. La nouvelle revue de l'adaptation et de la scolarisation, (2), 25-45. https://doi.org/10.3917/nras.078.0025

Berra, A. (2012). Faire des humanités numériques. Dans Read/Write Book 2 : une introduction aux humanités numériques. OpenEdition Press, pp. 25-43.

Connac, S. (2016). L’avis des acteurs des séances d’analyse de pratiques professionnelles pour les enseignants stagiaires. Phronesis, 4(4), 13-26. https://doi.org/10.7202/1036710ar

Cros, F. (2019). Éclairage théorique sur le sens et la signification de l’innovation en éducation dans les systèmes de formation : diachronie et synchronie. Revue internationale de pédagogie de l’enseignement supérieur [Online], 35(2), 1-15. https://doi.org/10.4000/ripes.2204

Charlier, B., Deschryver, N. et Peraya, D. (2006). Apprendre en présence et à distance: une définition des dispositifs hybrides. Distances et savoirs, 4(4), 469-496.

Cormerais, F. (2014). Humanités digitales et réorganisation des savoirs. In O. Le Deuff (Éd.), Le temps des humanités digitales : La mutation des sciences humaines et sociales (p. 129-143). Fyp éditions.

Dewey, J. (1938). Experience and education. New York, NY: Collier. Doueihi, M. (2011). Pour un humanisme numérique. Seuil.

Fenoglio, P. (2023). L’inclusion numérique en éducation : un enjeu de démocratie. Edubref, 17, septembre. ENS de Lyon. https://veille-et-analyses.ens- lyon.fr/Edubref/detailsEdubref.php?parent=accueil&edubref=29

Musial, M. et Tricot, A. (2020). Précis d’ingénierie pédagogique. De Boeck Supérieur.

Philion, P., Lanaris, C. et Bourassa, M. (2017). Les accomodements pour les étudiants en situation de handicap dans l’enseignement supérieur : ce que les professeurs en pensent. La nouvelle revue de l'adaptation et de la scolarisation, 77, 83-97. https://doi.org/10.3917/nras.077.0083

Pugh, K. J., Linnenbrink-Garcia, L., Koskey, K. L., Stewart, V. C. et Manzey, C. (2010). Teaching for transformative experiences and conceptual change: A case study and evaluation of a high school biology teacher's experience. Cognition and Instruction, 28(3), 273-316.

 

 

Soutiens

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Ce colloque scientifique émane de la réflexion pluridisciplinaire des chercheurs rattachés au projet Nexus de l’Université Paul-Valéry Montpellier 3. Il bénéficie d’une aide de l’État gérée par l'Agence Nationale de la Recherche au titre du Programme d'Investissements d’Avenir portant la référence (ANR-18-NCUN-0025).

 

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